Au Japon, la période la plus ancienne où les laques apparaissent est la période JOMON, époque archéologique située entre 5000 et 300 avant JC. Ce sont principalement des laques rouges. La laque est utilisée très tôt aussi bien pour des objets rituels qu’utilitaires.
La période YAYOI qui suit, correspond à l’époque de l’expansion politique et culturelle de la dynastie HAN en Chine. Ainsi divers concepts chinois dont le bouddhisme arrivent par l’intermédiaire des colonies chinoises établies en Corée et servent de modèle aux japonais.
C’est aussi la période dite des grandes sépultures qui voit se développer une statuaire de laques particulière que l’on appelle les laques sèches.
Cette technique en usage en Chine, se développe beaucoup au Japon
Sur une armature réalisée en bois, est posée de l’argile et une toile de chanvre. Une fois laqué, l’ensemble est débarrassé de l’armature de bois et d’argile laissant une cavité à l’intérieure de l’œuvre. Plus tard, pour plus de facilité On pense que c’est, on conservera l’ossature de bois.
Sculpture en laque sèche
L’utilisation de la laque à cette période est faite à des fins narratives et décoratives et non plus seulement de protection, le goût et les techniques de laques sont directement inspirés de la cour des TANG.
Durant la période NARA (645-794), petit à petit, la volonté de l’état de légitimer ses origines et de justifier le pouvoir impérial met en place un système centralisé et la création d’une capitale permanente. Avant le centre du gouvernement qui était représenté principalement par le palais impérial, était déplacé à l’avènement de chaque empereur. A partir de 652, un palais est construit et constitue l’embryon d’une cité impériale. Petit à petit, une urbanisation va se créer autour du palais.
Dans cette urbanisation vont apparaître d’importants temples bouddhiques où la laque est utilisée pour ses qualités de résistance et les grandes possibilités décoratives qu’elle offre.
On pense que cette période qui voit l’établissement de grands temples est à l’origine du développement de l’art du laque.
Une créativité décorative apparait avec des incrustations de métal (hyômon), des incrustations de nacre (raden)
A la fin du VIIIè siècle, les relations Chine /Japon se font plus rares, l’Empire chinois entre dans une période de déclin alors que le Japon de son côté affronte des problèmes politiques intérieurs ; Les missions diplomatiques cessent avec la Chine et un orgueil national s’éveille. Avec le règne du clan des Fujiwara, se développe un esthétisme raffiné où les moindres détails de la vie quotidienne de la cour répondent à des codes subtils. La poésie, l’amour de la nature sont célébré dans les arts et notamment dans les décors des laques.
La grande majorité des pièces laquées appartient à la catégorie des boîtes.
Les plus anciennes sont des coffrets à sûtra
Une technique décorative déterminante dans l’art du laque japonais fait son apparition à partir de cette époque, c’est la technique du maki-e.
Il va se développer durant toute la période suivante de KAMAKURA ( 1185-1337)où l’on voit apparaître aussi des coffrets de toilette (tebako)
Le maki-e consiste à peindre un motif en laque transparente et de le saupoudrer de particules métalliques, or argent
Soit en aplat : hiramaki e ou en relief takamaki e
Soit en saupoudré dense kin fun dame, soit aéré hirameiji ou nashiji
A l’époque MUROMACHI (1337- 1573), deux shoguns seront déterminant pour le développement des arts, Yoshimizu et Yoshimasa
L’engouement pour l’art chinois trouve son apogée au XIV e siècle. A la cour des Ashikaga, il institua une sorte de mécénat favorisant le développement de création artistiques, théâtre Nô, cérémonie du thé, formulant des règles de représentation et d’utilisation des œuvres d’art pour créer une esthétique particulière et un nouveau décor intérieur On doit également à Yoshimasa d’avoir favorisé le développement de la cérémonie du thé liée à la cérémonie du thé, la tradition de l’encens vit apparaître la fabrication également de boîtes à encens (Kôgô)
C’est à cette époque qu’apparaissent aussi les objets pour lettrés, boîtes à documents et surtout les écritoires (Suzuribako)
C’est sous le règne de Yoshimasa qu’apparaissent les premiers grands noms de laqueurs :
Les premières innovations techniques de laquage qui prendront une place plus importante aux époques ultérieures voient leurs premières applications :
- Motifs découpés dans une feuille de métal (kanagai)
- Fins tracés en maki-e limitant les contours et les formes
- Début du kirikane sur les troncs ou les rochers
- Les nervures ne sont plus crées par une réserves faite dans la laque (kakigari) mais tracé à l’aide d’une pointe (technique du harigaki)
Quelques exemples de maki-e
Époque KAMAKURA
Époque MUROMACHI
A la fin de l’époque MOMOYAMA et au début de l’époque EDO (fin XVIème-début XVIIème), une école de peinture décorative connue sous le nom de RIMPA vit le jour avec le désir de faire revivre la tradition artistique de l’époque classique.
Le nom du calligraphe Koetsu est associé à des objets en laque de makie exécuté sur les conseils de l’artiste ou d’après ses esquisses.
On les reconnaît à la forme des écritoires particulières divisées en deux parties
Les décors se singularisent par l’emploi d’or, d’argent nacre et plomb à une époque où les laques sont dominés par l’emploi exclusif du maki e
L’emploi de nacre d’influence coréenne et chinoise, dont les laques comportaient de nombreux rinceau floraux. Les laques Koetsu de l’époque s’en inspirent directement
Iconographiquement, les décors sont simples et épurés, toute description anecdotique étant exclue.
A l’époque EDO, l’obligation imposée par le SHOGUN aux seigneurs de séjourner régulièrement à Edo pour pouvoir les surveiller, impliqua la construction de nombreuses résidences à partir de 1640
La demande croissante de ces maisons en objets de luxe et en service fit affluer toute une population attirée par un travail très vite lucratif qui constitua une vie citadine qui au début du XVIIème siècle s’éleva à un million d’âmes. Bientôt un réseau de distribution se mit en place pour satisfaire aux exigences de la cité. C’est au développement économique et à la prospérité des grandes villes que l’on doit l’apparition d’une nouvelle culture citadine et bourgeoise.
Les centres des villes s’animèrent de quartiers de plaisir. Pour répondre à une soif de culture, des livres illustrés furent imprimés, des gravures vendues isolément aussi remportèrent un important succès, elles sont connues sous le nom d’Ukiyo e.
Pour l’art des laques, les techniques et le style de l’époque de MOMOYAMA, se perpétuent.
Une grande diversification des matériaux employés est surtout apparente dans les incrustations appliquées sur le maki e corail, émail, pierre, porcelaine. La tendance à la surcharge décorative est très sensible à la période Genroku (1688-1704). On voit apparaître de nouveaux objets censés montrer le rang et le situation sociale de son propriétaire: c’est le cas des inrôs.
L’usage des laques et des motifs en maki e s’étendit à toutes les couches de la société mais afin de diminuer le coût les artisans en économisèrent le temps d’exécution et les matériaux employés et on aboutit à une certaine décadence.
Quelques photos de l’époque EDO
Quelques inros